[Personnage : Axel]
__...Il n'est plus là.
__Disparu. Et pourtant, c'est bien là qu'il aurait du se trouver. Juste-là, sous cette planche, en dessous de mon matelas. Matelas qu'on a renversé, par terre, à travers le tas d'autres objets et meubles démolis, entassés dans un coin de ma chambre. Chambre qu'on a saccagée durant mon absence.
__Les salauds. C'est pas possible...
__Je retourne et renverse ce fouillis à maintes reprises, je le passe au peigne fin. J'éventre mes oreillers de mes mains nues, arrache aux commodes leurs tirroirs, décroche les luminaires du plafond et massacre à mon tour tout ce qui me passe entre les mains. Et je ne trouve rien, toujours rien. Force m'est de reconnaître que ça n'est pas ici que je le retrouverai.
__Car ils me l'ont pris. Comme tout le reste. Ils veulent me saigner, ils veulent ma peau. Semblerait-il qu'ils ne trouveront satisfaction que le jour où ils mettront en terre ma dépouille.
__Eh bien, messieurs... Ce jour n'est pas encore venu. Je n'ai pas le temps de mourir maintenant. Il me reste encore trop à faire. Qu'ils prennent un numéro, ils peuvent bien attendre!
__Et je veux ce journal.
__Il me le faut. À tout prix. Qu'il me coûte ma vie, s'il le faut ; je ne peux me résoudre à leur céder la seule chose qui me tienne encore à coeur - la dernière cause pour laquelle je me battrai contre eux. Je ne peux non plus tolérer l'idée qu'eux aient accès à son contenu alors que je n'y ai moi-même pas encore posé les yeux. Il est à moi. Et je le récupérerai.
__Difficile de mettre des mots sur l'état d'esprit dans lequel je me trouve. J'ignore ce qui me retient de hurler ma rage : ma fureur est telle qu'elle m'est souffrante, elle me noue les tripes presque à m'en rendre malade. Mais ce n'est que peu de choses à côté de toute ma volonté de leur faire partager ma mauvaise humeur. Curieusement, je me sens drôlement généreux.
__Je mets fin à mon propre sabotage et quitte la pièce à toute allure - la porte est quasiment arrachée à mon passage. J'incendie tout ce que je laisse derrière moi, à commencer par les décombres de ma chambre. Je m'engage dans l'allée conduisant à l'étage inférieur, mes propres flammes à mes trousses. J'ignore à quel moment exactement me sont apparus en mains mes chakrams ; je longe les parois du couloir, de l'étroit escalier, tout en prenant un malin plaisir à y laisser de profondes traces de mes lames. Je veux qu'on se souvienne de moi - du mal qu'on m'a fait.
__Je dévale l'escalier, passe le portique et entre comme une violente bourrasque dans la salle commune. J'aurais ardemment souhaité croiser une potentielle victime sur mon chemin ; personne en vue, pas de chance. Or, je crois trop bien savoir où les trouver, à l'heure qu'il est. Moi qui ne souhaitais n'être que de passage, il s'avère qu'il soit indispensable de régler sur-le-champ mes comptes avec ces hommes. Qui plus est, je ne quitterai très certainement pas ces lieux sans avoir récupéré ce que je suis venu chercher.
__Vous me devez d'abord Roxas ; vous me rendrez au moins ce journal.
__Tant qu'à perdre mon temps, je prends un instant de plus afin de savourer tout le plaisir que m'apporte le fait d'être le responsable du spectacle qui m'est offert - ce privilège de voir brûler, sous mes yeux, les vestiges d'une vie de servitude.
__Je prends grand soin de refermer derrière moi, cependant sans trop de délicatesse, les portes de marbre de la salle commune. J'y enferme mon carnage de flammes - un ultime souvenir de ce que fut jadis le Numéro huit.